Feuille de route pour une transition vers une économie sobre en carbone au Maroc

En 2022, lorsque le Maroc a commencé à élaborer une stratégie de décarbonation à long terme, les décideurs n’étaient pas sûrs qu’un objectif net zéro soit réaliste. Le SEI, en tant que conseiller technique du gouvernement, a travaillé pour déterminer la faisabilité de l’objectif et pour identifier une série d’étapes permettant de réaliser cette vision d’ici 2050 – tout en apportant d’autres avantages pour l’économie, l’environnement, la santé et le bien-être de la population du Maroc.

Analyse complète des secteurs économiques

En utilisant les outils de modélisation LEAP et NEMO, l’équipe du SEI a commencé par créer un modèle complet des émissions de gaz à effet de serre au Maroc. Le SEI a ensuite évalué l’impact des mesures existantes et prévues pour l’atténuation du changement climatique au Maroc, et a identifié comment d’autres mesures pourraient aider à obtenir des impacts plus importants. L’analyse a pris en compte un large éventail de questions : les coûts et les avantages des différentes options, l’accessibilité et la sécurité énergétiques, la compétitivité économique, les synergies avec l’adaptation au changement climatique, les perspectives d’amélioration du niveau de vie et la préservation de la biodiversité et des écosystèmes.

L’équipe a soigneusement décrit les détails des résultats du modèle, en travaillant en étroite collaboration avec les parties prenantes des agences publiques à différents niveaux et avec les parties prenantes du secteur privé représentant différents sous-secteurs économiques. Le SEI a non seulement aidé le Maroc à développer la SNBC globale, mais aussi un ensemble complémentaire de plans d’atténuation décrivant les exigences de la stratégie dans chaque secteur économique majeur.

Ces processus participatifs et l’attention portée aux détails ont modifié les termes du débat. Au fur et à mesure de leur engagement, les parties prenantes en sont venues à comprendre et à soutenir l’objectif net zéro pour 2050.

Par exemple, Bouzekri Razi, Directeur des Changements Climatiques, de la Diversité Biologique et de l’Economie Verte au Ministère de la Transition Énergétique et du Développement Durable, a décrit la valeur de la collaboration de cette manière : « Je souhaite exprimer les plus vifs remerciements au Stockholm Environment Institute . . . pour leur précieuse collaboration et leur engagement et disponibilité sans faille dans le processus d’élaboration de la LT-LEDS 2050 du Maroc. Ce travail de longue haleine, débuté en 2022 et qui s’est terminé en novembre 2023, a impliqué tout l’écosystème des principales parties prenantes publiques, privées ainsi que de la société civile, issues des sept secteurs clés de l’économie nationale. »

Le plan climat est bénéfique pour l’économie, l’environnement et la santé

La modélisation du SEI montre qu’en adoptant près de 100 mesures d’atténuation, le Maroc peut atteindre l’objectif net zéro pour un coût cumulé et actualisé d’environ 48 milliards de dollars. Bien que le Maroc doive initialement supporter des coûts directs compris entre 2 et 5 milliards de dollars par an, des économies nettes seront réalisées au début des années 2040, à mesure que la nécessité d’importer des combustibles fossiles diminuera. En 2050, les projections indiquent que le programme net zéro permettra au Maroc d’économiser près de 7 milliards de dollars par an, et en 2060, les économies atteindront 16 milliards de dollars par an.

En outre, le portefeuille de mesures d’atténuation aura également de nombreux avantages connexes pour la résilience climatique, le développement économique et la protection de l’environnement, ainsi que pour la santé et le bien-être des Marocains. Par exemple, les mesures visant à électrifier la cuisson et le chauffage réduiront à la fois les émissions et les pressions exercées sur les forêts par l’exploitation non durable du bois, avec des dividendes pour la biodiversité, la qualité de l’air et la conservation de l’eau. Les avantages économiques sont également considérables. Une première évaluation économique montre que la SNBC pourrait augmenter le PIB du Maroc de 4 à 15 % et créer entre 100 000 et 350 000 emplois supplémentaires.

Le Maroc a dévoilé la SNBC lors de la Conférence des Nations unies sur le climat 2023 (COP28) à Dubaï, détaillant les mesures qu’il mettra en œuvre et les étapes qu’il utilisera pour mesurer les progrès accomplis. L’ensemble des mesures intègre des efforts visant à stimuler l’efficacité énergétique, à étendre l’utilisation des sources d’électricité renouvelables et à favoriser l’économie circulaire et l’agriculture et la sylviculture durables. La stratégie permettra au Maroc de réduire ses émissions cumulées de gaz à effet de serre de plus de 2,6 milliards de tonnes d’équivalent CO₂ d’ici 2050.

Plateforme pour un leadership régional et une action climatique accrue

Pour le Maroc, l’atténuation et l’adaptation au changement climatique sont des questions primordiales, car le pays dépend dans une large mesure des importations de combustibles fossiles et est confronté à des problèmes croissants de pénurie d’eau. Avec la SNBC, le Maroc se positionne comme un leader sur les questions climatiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. En outre, la SNBC jouera un rôle clé dans l’élaboration de la prochaine série d’engagements climatiques du Maroc dans le cadre de l’Accord de Paris, qui sera présentée en 2025.